vendredi 29 juillet 2022

HOMMAGE A JEAN-PIERRE BERDAH

 

HOMMAGE A JEAN-PIERRE BERDAH

 

Jean-Pierre Berdah était tout d’abord un avocat !

Et quel avocat !

Mais aussi, quel parcours universitaire brillant !

Moi, je voudrais juste évoquer rapidement une amitié fidèle de plus de 50 années…

Au sein de la FNUJA, dans les années 70, nos activités syndicales nous avaient déjà révélé combien nous étions proches.

C’est que nous étions tous deux nés sous le Signe du Taureau, quasiment le même jour, mais moi, un an plus tôt, d’où j’ai toujours déduit, qu’il me devait le respect…

Je ne pense pas l’avoir vraiment convaincu…

Nous nous sommes encore mieux connus dans les années 80, car, tous deux quadragénaires, pleins d’ardeur et forts d’un ego de bonne dimension, nous nous sommes affrontés pendant quelques 10 années, dans un contentieux répétitif de quelques 500 dossiers de vice de matériau de construction, lui intervenant en cours de route comme soutien d’une brochette de confrères parisiens.

Il y arrivait sur le tard, en défense, dans l’intérêt du fabricant du matériau défectueux, une multinationale américaine et ses filiales d’Europe et de France.

J’étais en demande pour l’ensemble des assureurs construction français et leurs assurés.

J’entends encore le début de sa première plaidoirie d’appelant dans l’une de ces affaires, devant une chambre spécialisée de la Cour de Paris :

«  C’est avec beaucoup d’humilité que, modeste avocat de province, je me présente devant vous, face à mon éminent confrère, dont la réputation… etc, etc ! », mais il en venait rapidement à l’essentiel : développer sur le fond un argumentaire aussi rigoureux qu’implacable, ce qui ne vous surprendra pas …

Ainsi, de proche en proche sur tous ces dossiers, il m’a progressivement « grignoté »… Mais, au fil de toutes ces procédures nos relations exigeantes d’amitié ne se sont jamais démenties,  aboutissant au bout de 10 ans, –– à une solution transactionnelle globale pour ces 500 dossiers,

Un protocole d’accord faisait même de nous deux les arbitres exclusifs, émetteurs d’avis irrévocables réglant définitivement toutes difficultés d’exécution… L’idée était de lui ou de moi, je ne sais plus … Mais cela a fonctionné.

En mai dernier, fêtant nos anniversaires, une fois encore,  nous évoquions ces vieilles batailles, tels d’anciens combattants, paradant devant leurs épouses, chacun prétendant avoir été le meilleur…

Car on se voyait souvent et à chaque fois, on s’offrait des livres. Notamment, aussi passionné que nous pour le jeu de SCRABBLE, il nous en avait offert le dictionnaire officiel, avec - de son écriture fine – la dédicace suivante :

« La médiation étant à l’ordre du jour, et sachant certains penchants (masculins) à une relative bonne foi, cet ouvrage amènera paix et sérénité dans des parties endiablées… auxquelles nous pourront peut-être participer ! ».

En réalité, on ne jouait plus beaucoup, car il gagnait tout le temps, ayant manifestement quasiment appris ce dictionnaire par cœur…

Cette affection avait aussi fait de chacun le témoin de  la vie personnelle de l’autre et parfois son confident, voire son conseiller…

Je me rappelle aussi Jean-Pierre, lors de quelques vacances :

En Corse, Jean-Pierre argumentant méthodiquement et convainquant Joaquim, mon fils cadet, alors âgé de 4 ans, d’avaler un médicament particulièrement rébarbatif.

Quelque part en Méditerranée, Jean-Pierre, sur son bateau, loup de mer et capitaine au long cours, tentant de me rassurer sur l’évolution d’une météo plutôt grise, en citant un adage dont je ne saisis toujours pas toute la portée :

« Ciel pommelé et femme fardée sont toujours de courte durée… ».

Et si souvent, encore, la voix, le ton et les premiers mots de  Jean-Pierre m’appelant sur mon portable :   « Bonjour Albert, est-ce que je te dérange ?... »

Non tu ne m’as jamais dérangé !

Ou plutôt : Si, tu nous déranges en partant comme ça, brutalement, sans prévenir.

Ce n’est pas correct.

Ça ne se fait pas …

Ce n’est pas humainement possible !

Ce n’est pas toi…

Et Bernadette et moi sommes inconsolables de savoir qu’on ne t’entendra plus jamais.

                                                          

                                                                       Albert Caston

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